l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

les mille et une vies

09.02.04

et le monde qui chaloupe à mes hanches quand je marche, que je tiens tout entier serré entre mes cuisses, les artifices mondains de mes mains, de mes yeux, acéré comme une lame l'arc sombre des sourcils qui tranche le visage, un grand couteau de chasse, des sortilèges anciens et gagnés de mémoire, pas de sourire vraiment, une peau vide de son sang et pourtant la marée, le ressac violent de la mer aux rochers, la tempête, les fureurs intérieures amoureuses et secrètes. cette dureté de l'exigence que je peux avoir à mon endroit, cette tendresse sans limites pour le monde comme il vient, j'attire à moi souvent les chats et les enfants, les belles adolescentes et les types dangereux, ils sont mon autre famille du côté dévoyant, et je ne cache rien sous mes lèvres maquillées de ma passion du corps, de mes peurs froides malades, toute ma rage, fulgurante, mon absolu du monde qui me mangera le coeur. je donne tout ce que j'ai au hasard des romances, l'amour fou à chaque fois pour vos yeux de passage, et fidèle à mille bouches, mon silence de statue, les blessures de vos coeurs m'importent plus que les miennes. je ne m'aime pas - c'est vous que j'aime d'amour et puis plus que tout, les rêves que vous m'ouvrez comme des livres en vos bras, les villes et les pays qui ont fait vos enfances, tout le monde par vos yeux qui sera mon ivresse, les rivières folles la nuit où aller se jeter - vos mains, vos mains brûlantes - et retrouver encore des raisons d'exister.

 

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