l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

de mon côté

10.02.04

certaines nuits dans les brumes il revient comme une vague, monstrueux et sublime, le Pavin de l'enfance. on allait à ses bords comme au miroir du coeur, la neige tombait toujours, dans le ventre du volcan j'enterrais mes amours. il y avait des mousses étonnantes sur les pierres qui faisaient des visages, des arbres comme des fantômes avec les mains pendantes à l'eau noire des noyés, et puis sur les chemins, au gré de nos histoires, les cascades dis tu sais avec leurs cheveux blancs, en écume gelée, le vent qui nous poussait dans le dos vers le bas, l'oeil très sombre du lac en reflet dans le mien, et c'était la tristesse, pourtant la toute-puissance, les secrets loin connus des femmes de ma famille, leurs jupes trempées encore en bord de tentation, au Pavin sans retour et ses berges meurtrières je n'ai jamais eu peur : toute l'eau était de mon côté.

 

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