l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

Daniel

09.01.04

ce type au bar et son accent cockney, les yeux tristes et très bleus qui mangent tout son visage, une façon étrange de me donner le verre que lui tend le serveur, en s'avançant vers moi sans jamais me toucher, et je fixe étrangement les ongles rouges et rongés de ses mains abîmées - c'est l'American Club, le haut-lieu colonial, c'est le vert des fauteuils, c'est la cire des boiseries, mon troisième gin-tonic et huit heures de jet-lag - Daniel parle du Japon comme d'un pays lointain où il vit depuis dix ans, il garde de l'Angleterre l'accent des banlieues pauvres et des yeux délavés, un tatouage sur la main que découvre la manche d'une veste de smoking, toute une tristesse diffuse et qui me prend le coeur : dans la faune riante, faussement désinvolte des nouveaux riches expatriés il ne joue pas le jeu, il porte son histoire, toute sa peau le trahit.

 

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