l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

bord du monde, encore

29.01.04

l'air trop sec et qui déchire un peu la peau, en rouge le trait fin de la paupière meurtrie, qui dédouble l'eye-liner. j'achète du thé vert, des stylos, des collants et des pocket warmers au seven/eleven, les lèvres me brûlent au café en gobelet, l'urgence folle d'exister, les mots qui se bousculent, vous permettez ? demande un type à la bibliothèque et je m'étonne un peu de comprendre sa langue, plus encore qu'elle soit mienne, ma voix si basse et douce, en souffle, je traîne dans les couloirs mais la radio en fond loin branchée sur Paris m'afflige et m'insupporte, rien n'est plus à sa place, rien ne vient sans violence - le soir, les voix sur scène dont je ne suis que le rythme, l'épaisseur et la couleur me calment, c'est cela même l'écriture, une affaire de musique de la peau et du coeur, le monde entier qui cogne en moi comme un tambour, incantatoire et tendre, alchimie du destin, à ces appels-là comme à ceux du désir je ne peux pas résister.

 

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