l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

io sono prigionera

30.01.04

les lettres d'amour avec mon nom en katakana à l'époque c'est vrai que ça me faisait rire mais je les ai toutes gardées, c'était quoi cette passion pour le Japon qu'avaient tous les types du lycée, je me souviens de la pluie folle que j'adorais, je me souviens des soirs chez lui et de la musique de ghost in the shell, je n'ai jamais rien compris aux choses simples, l'amour ou les bandes-dessinées, je me souviens de sa main sur mon ventre, ses yeux d'encre noire, c'est trop tard maintenant, c'est trop loin, ça revient dans les rêves ça m'échappe au matin. on jouait comme des princesses, avec L, dans le bain, il y avait alors peut être encore cette innocence des toutes premières amours dont j'ai perdu la trace, dans la cour à dix heures au grand soleil d'automne tu avançais vers moi, je te gommais du monde, quels trésors d'amour tu déployais alors que j'ai foutus en l'air comme une pluie d'étoiles, quelles patiences infinies que j'ai réduites à rien, cette ville dont tu rêvais, où tu voulais m'emmener, j'y suis venue sans toi, sans personne en mon coeur, rien d'autre que cette solitude qui est une joie parfois, jamais une liberté, ma puissance, mon labeur, mon long vagabondage qui n'a plus qu'une visée - une fois, une seule fois dans ma vie faire fi de mon orgueil, faire fi de l'absolu, et me laisser aimer.

 

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