l'immédiate
journal d'O.

 

 

corps et monde

25.07.04

ce qu'il faut, ce qui est difficile, c'est dire le corps dans le monde - à Marseille, le vieux train, la chaleur, les énormes bulles de chewing-gum de la fille assise en diagonale, qui semblent pousser l'air autour de leur paroi élastique tendre et rose et puis se laisser ensuite repousser en dedans comme un coeur, un poumon, toutes ces choses étonnantes, minuscules et qui forment, qui définissent le réel, la mer immense dans la fenêtre, L très belle et qui me regarde, la respiration lancinante des machines, l'odeur de peau, de sueur et de cologne des hommes, le type derrière : il m'a dit que je ressemblais à Kennedy, le mouvement, les paroles, le souffle et puis les signes, les enfants, les couleurs, les arrêts soudains du train en rase campagne et mon reflet dans la vitre, surprendre ma peau en image dans le monde extérieur est quelque chose qui me bouleverse toujours, il y a une acuité à vivre son corps depuis l'intérieur - toute l'étendue de peau, chaque muscle et chaque respiration, coeur exultant dans la poitrine, le sang et l'énergie que je sens circuler en moi comme l'écriture ou les souvenirs - qui est telle qu'il semble presque fou de raccorder cette perception interne de soi et de soi dans le monde - brûlante, immense, hystérique - à une quelconque image tendue comme un miroir, une photographie, un dessin, le reflet d'une vitre, tout à peine un regard.

 

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