l'immédiate
journal d'O.

 

 

siamese dream

04.06.04

Paris. sur le palier d'un immeuble du onzième, penchée sur la balustrade de fer, côté cour, à travers les glycines, quand juste derrière la porte la fête a commencé, et que je ne veux pas encore entrer... ma siamoise, dit L pour me présenter : tous les regards nous accompagnent, quelqu'un parle - encore - de mulholland drive, je cherche du feu pour une cigarette, un espace, une fenêtre, j'avance loin comme en rêve, je suis odieuse, souveraine, avec les types trop fiers, ou qui viennent toucher L, il y en a un notamment qui m'agace prodigieusement et à qui je me fais un plaisir de rendre la pareille - c'est un sport - un autre qui ferme à demi les yeux quand il parle, de l'Italie passionnément, et je pardonne tout à l'espèce humaine. Nicky se cache : je ne comprends pas bien, dit-elle doucement, pourquoi ce garçon là-bas me raconte qu'il voit des étoiles dans mes yeux... je me retourne : rien. de l'autre côté, un type passe comme une diapositive sur le mur blanc du couloir - je pense à Philippe Soupault (les bretelles, le chapeau) et puis je verse un peu la gorge, sans raison, pour le vin, pour l'été dans la peau et nu sur les épaules, pour le hasard aussi, l'étrangeté soudaine d'entendre parler une langue que l'on comprend, qui est la sienne - une des siennes - mais que l'on ne partage plus réellement qu'en surface. le sentiment d'avoir été trop loin, dans la distance, dans la solitude, pour pouvoir jamais revenir et puis (re)trouver une place. l'horloge sonne, je m'échappe. dans ma fuite je rencontre le long corps étranger, animal, d'un homme très brun dans l'étroitesse des escaliers. je ne me hâte pas.

 

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