l'immédiate
journal d'O. à Tokyo

 

 

bubble bar

22.05.04

ce bar sur le bord de l'avenue, avec ses miroirs ronds et son comptoir à champagne, c'était un point de repère dans mon Tokyo de tous les jours, le haut de la colline en vélo, l'arrêt du bus 88, le chemin le matin vers l'école de japonais, le passage aussi de Shibuya à Roppongi, l'entrée sur d'autres terres, un élément de la ville connu et reconnu et pourtant de très loin, dans ma topographie personnelle, jusqu'à ce soir enfin, à quelques jours du départ - de son départ, de mon départ - où j'ai suivi David à l'intérieur. il avait la tristesse dans la peau. je préférais le champagne. David-san, what's your favorite thing about Japan ? - You. je souriais tout le temps. il n'y avait pas de souffrance à le laisser partir. aimer des pays, des corps, des moments, des images dans des films, des pluies sans fin du bout du monde, les vivre et les écrire. c'est moi qui l'ai poussé doucement vers le métro. quelle allure, quelle lumière à Melbourne ? j'avais le coeur entier pris déjà. je suis rentrée chez moi à pied dans la nuit colorée. je connaissais ce morceau de la ville par coeur. j'avais appris à m'y construire une histoire. en passant le long du parc de la résidence d'Hitachi, je l'attendais, elle est venue, elle était belle, la brise épaisse et qui ramenait l'odeur des arbres et des résines, en caresse.

 

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