l'immédiate
journal d'O.

 

 

"Aucune langue n'a pris le dessus, aucun continent. L'écriture rassemble les villes et les langues comme si elle était elle-même le courant qui m'emporte."

12.09.04

je lis Silvia Baron Supervielle, le pays de l'écriture. c'est très beau. j'ai encore dans la peau sa voix entendue l'autre matin à la radio, la voix de F me lisant les mêmes poèmes de Thérèse d'Avila en espagnol, je sursaute quand je lis ses pages sur le "visage aimé", l'homme qui n'existe pas mais qui m'aime quand même (je reformule), j'aime infiniment ses mots sur l'Argentine, sur l'exil, le voyage intérieur immense qu'est l'écriture, et l'éternel travail de traduction opéré sur les autres, opéré sur soi-même, sur sa langue propre à soi à sa langue maternelle et jusqu'aux autres langues, autres peaux, autres coeurs, très vite je quitte le livre je recommence à écrire, à rêver des mains douces qui me suivent dans le sommeil, à sa langue à lui qui m'a envahie très vite et sans prévenir, et je sais, intimement, que c'est là, dans le noeud de sang et de peau de toutes mes langues secrètes, langues d'enfance, langues d'amour, langues de voyages et de littératures, que j'existe d'abord.

 

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