l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

 

Platonov

01.12.05

je demande à H dans quel café je la rejoins, j'ai besoin d'un nom, d'une adresse, de quelque chose de sûr et de tangible vers quoi me projeter dans les couloirs du métro ou bien je crois que je n'ai pas le courage - je t'attendrai sur la place dit-elle - alors ses bras, mes yeux liquides, et puis : café du métro, non, café des banques, certainement pas, café Fontaine ? j'ai dans la poche une petite photo d'André Breton (épaules droites, monocle, jamais un sourire) et je marche vers le café Fontaine - au chaud et la tristesse cachée sous le sourcil jovial du vieux serveur, il est donc vrai qu'à Paris les garçons de café souvent ont une sorte de sixième sens - dans le hall du théâtre il y a la foule, je tiens le bras de H et la pression de son corps veut dire : je ne te laisserai pas seule une seconde - frondeurs, fantasques, cyniques jusqu'au sang et sublimes, les grands désabusés russes ont toute ma préférence - cette beauté de la glace, évidente, ce sens du souffle - lumières éteintes je respire, j'aime les voix, les silhouettes, ma soeur à droite me tient la main, H à gauche, et elles serrent fort.

 

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