l'immédiate
journal d'O.

journal d'O.

 

 

qui sait, à la nuit en nasse, si je ne me prendrai pas moi-même au piège à l'intérieur de ma propre peau - toujours languide, un peu violente, avec cet air dangereux de mer montante - tous les mots se cassent comme du verre - et c'est très bien - dans la nuit j'écoute des disques - dans la nuit je marche loin sur la neige - dans la nuit je téléphone mais d'abord je remets du rouge à lèvres - j'aurai bientôt vingt-cinq ans je n'aurais jamais cru que cela viendrait un jour - vingt-cinq ans et comme par hasard (un peu) mes cheveux coupés foncés ma peau pâle l'arc un peu dur de mon visage je le lis comme de miroir sur les photos de ma mère au même âge, des photos légèrement abîmées d'avoir été passées de mains en mains ou laissées offertes à la lumière, des photos d'hiver blanc, grand froid rare, sourires heureux, et ma mère debout dans mes presque vingt-cinq ans tient tout serré contre son sein une enfant qui quelques fois me manque si profondément.

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samedi 24 décembre 2005