l'immédiate
journal d'O.
Wellington, Nouvelle-Zélande

 

 

keep your electric eye on me

19.02.05

keep your electric eye on me babe alors que je descends l'escalier, et je marche toute entière dans le regard d'eau très pâle de H, j'avance droit vers lui, j'attends le moment où il va détourner les yeux, le visage, et puis se réfugier très vite à nouveau dans cette désinvolture folle qu'il emmène partout avec lui, j'attends le moment où il va glisser, très lentement, hors de ma portée, relever soudain la tête d'un air souverain, revenir à la fête, allumer une cigarette comme de rien, l'apparente confiance des corps résolus - et je marche toute entière sur la faille ouverte de son désir, je passe la foule et mes bras autour de ses épaules, écueil délicieux de son cou, deux mots à sa nuque que lui seul gardera, le plaisir absolu de l'affoler - mon bel animal pris au piège, ma proie du coeur, mon secret - il tombe toute barrière très vite, il offre les armes, dans le bleu limpide de son oeil cette presque tristesse, l'immense fragilité - je ne sais rien de plus tendre - de plus fort - oh, tu peux refermer tes mains, tu peux entrer entier dans le gouffre de ma peau, tu peux t'y réfugier, voyager dans ma fibre, t'en nourrir, tout exiger - dans le jardin vivant de fleurs j'ai senti un instant sous ta peau ton coeur abandonné, ton désir absolu, toi seul n'as pas menti.

 

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