l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

 

coup au coeur

25.11.05

dans le métro d'un coup le coeur a cogné fort dans la poitrine - les bras de mon père, pour me soutenir - dehors le bruit de la rue, les voitures, les lumières, la noyade à la ville et puis l'appartement chaud qui sent l'enfance douce et la fête - de grandes fleurs rouges ouvrant leur peau dans des vases noirs - le visage allié de Bataille au milieu des photos de famille - des baisers - du champagne - tenant ma main très haut mon cousin m'embrasse et puis m'appelle sa soeur, je suis forte et fragile de soie et de suédine, je tangue, je ne sais plus, je glisse dans la nuit rejoindre d'autres frères secrets, d'autres grands nécessaires - les yeux andins de F, le corps vivant de P - la famille évidente, l'alliance transatlantique - et L ma douce me coule dans le sang de feu rouge, guitares samba à la fenêtre, ton corps connu et reconnu dans l'étroitesse des couloirs - j'aime la fierté farouche et naturelle de la très jeune norvégienne, son attachement de survie à une française bien moins belle qu'elle - j'aime l'amitié presque masculine de cette fine fille aux yeux arabes, et comme nous fumons toutes les deux dos à dos dans le salon, notre façon de nous apprendre - j'aime la collision retrouvée de la Grèce, la grande lumière tragique, la beauté, tout le fondement de ma sensibilité et que je confie à Dimitris, parce qu'il me parle sa langue comme si elle m'était natale - j'aime F brillant et fou - j'aime P, je serais P si j'étais un garçon, je serais sa peau évidente et qui sait silencieuse donner les seules raisons de vivre et d'avancer - à la nuit palpable jusqu'en dessous ma ma peau je suis là enfin dans la confiance, je suis là sur le bord de ses bras lorsqu'il me tient violente et puis qu'il ouvre pour moi un espace sûr où enfin j'avance, je titube et je viens m'effondrer.

 

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