l'immédiate
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un moment, exister dans la blessure 26.11.05 blessure ouverte par ses deux mains, blessure nécessaire merveilleuse terrifiante et secrète qu'il connaît, qu'il provoque - dans ses bras tout l'espace du monde offert pour me laisser pleurer - longtemps - longtemps - une secousse du corps inadmise qui s'affirme, la résurgence violente du désir brut, de la peur brute, de l'impossibilité d'agencer les morceaux qui me font et me défont - de l'extrême intensité du corps vivant - je ne comprends pas ce que je suis - ce que je suis m'enivre, ce que je suis m'effraie, ce que je suis s'enfuit de ce que j'en sais, ce que je suis se lapide s'indiffère se regarde se dégoûte se complaît, ce que je suis n'existe pas, ce que je suis pour moi, pour d'autres, dans les mots, dans l'image, dans d'autres terres et d'autres langues, ce que je suis dans la jouissance, ce que je suis dans l'animal, ce que je suis ne s'apaise pas - your body screams dit-il - ce que je suis c'est un corps - je suis mon corps - un corps que tout nourrit mais que rien n'assouvit - un corps qui s'arrête là et qui hurle en silence - un corps qui est son propre piège, sa propre plaie, et dans la nuit folle brûlante encore je me déborde - P est là, P reçoit, P me fournit un moment la force d'exister entière dans la blessure violente - merveilleux P, et son épaule solide que je déchire sans fin de ma bouche et mes ongles - ce que je suis soudain c'est un spasme, c'est une colère, c'est une douleur, une brûlure, l'incomplétude - c'est la chair écartée et qui sait la lumière - c'est toute digue rompue et quand tu me regardes, quand L entrée dans le noir pour prendre mes larmes me regarde, c'est comme j'ai peur de tout et comme pourtant toujours sous ma peau sans limites je vais tout engouffrer.
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