l'immédiate
journal d'O.
Paris

 

 

l'éclipse

03.10.05

quand par obligation je porte un pantalon - ce qui arrive approximativement trois fois par an - il me semble toujours être déguisée, alors : L très blonde dans la rue et moi déguisée à son bras dans mon pantalon noir, ma veste noire, c'est une cravate de commandeur qu'il me faudrait dis-je en pensant à Solal (qui me fascinera toujours mille fois plus que cette cruche d'Ariane), et puis de la même race j'ai sous la paupière un Delon superbe et vaguement insupportable, pourtant entré dans le cercle d'une révolution complète autour du corps blond de la très solaire Monica Vitti - il paraît qu'il y avait une éclipse de soleil aujourd'hui mais j'ai à peine ouvert les persiennes et sans même le savoir j'ai préféré pour le même nom le si beau film d'Antonioni. j'aime Antonioni pour des tas de raisons insondables et secrètes, extrêmement solides aussi : l'esthétique de la disparition, l'étonnante (terrifiante) fameuse scène du brouillard d'Identificazione di una donna, la grande place finale de l'Avventura, et la main de la femme dans les cheveux de l'homme (le geste ultime), Blow-Up et la révélation de l'invisible, Par-delà les nuages cette étonnante séquence de vérité de la jeune femme qui pourrait connaître l'amour et s'en tient au couvent, jusqu'à mille détails un peu soap qui m'agacent - mais ! ce grand bonheur de la tendre lenteur, la beauté, l'explosion immobile permanente (comme à la fin de Zabriskie Point ou de L'eclisse, superbes explosantes-fixes) et puis encore, surtout : la photographie absolue - sans nécessité de paroles, sans obligation à la bande-son - l'image donnée sans babil, sans apprêt de dialogues, sans piège du langage, et qui fait sens, simplement.

 

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