l'immédiate
journal d'O.

la lune blanche et extraordinaire : marchant sur la grande route tout au bord de la montagne, nos ombres liées dévalent la nuit en avant. H fait du thé, nous restons longtemps dans l'odeur d'herbe fraîche du jardin à regarder très loin les mers sèches de la lune et les plateaux de l'Aubrac - le même climat de rêve austère et merveilleux - et puis la grande campagne respire, elle nous accompagne je crois. je voudrais retrouver ces passages du Dit du Genji où le prince délicieux et sa cour d'hystériques érotiques s'en vont dans l'automne tendre admirer la pleine lune pour la célébration de la cérémonie du tsukimi... je voudrais retrouver cette liberté folle du coeur, cette insouciance de la solitude et des carrières affichées, cette étreinte du réel immédiat - une pluie sauvage tombée dans le corps démantelé, un regard ou un livre, un train, une rue, l'escale tranquille aux mains d'un homme - je voudrais revenir dans ces territoires rares où entière dans le monde rien n'accuse mes luttes dans le langage ou bien mon ignorance, dans ces domaines flottants où une fleur m'est une fleur avant d'être un glaïeul une pivoine ou un lys, une fleur et une couleur c'est pareil c'est comme la lune immense contemplée sur les arbres à nuit claire, c'est la vie dans la peau, et un moment encore, un moment rêvé, se passer de tout mot.

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mercredi 9 août 2006

photo : Genji monogatari emaki