l'immédiate
journal d'O.

 

 

 

 

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jeudi 10 août 2006

en pensant à Carolyn Carlson...



Sacha suffoquée par la joie... (2)

assise sur la chaise les genoux joints et les deux mains aussi, en cadenas, cheveux noués, les yeux peints. respiration. la tête bouge. et encore. et encore. le chignon tombe. les mains veulent l'écart, la séparation, il y a cette souffrance, et dans les jambes aussi. debout enfin, debout terrible, le long du mur ou de la mer pour user ses poignets à l'angle de tout espace. et les genoux. et le ventre. et la bouche. poupée déformée. poupée qui se déforme. poupée qui tombe au sol quand les liens des poignets cèdent enfin. par terre. poupée et déjà plus les jambes qui se dénouent en glissant sur le sol. respiration. quelque chose s'ouvre. ce geste esquissé et lent de la tête qui faisait osciller le visage comme un pendule s'est amplifié, il s'est nourri de sa propre victoire, et c'est la gorge entière qui oscille maintenant, la gorge qui va jusqu'à verser doucement, en arrière - la langueur. tout appelle dans la peau. tout crie et tout emporte. ça glisse, ça tombe, ça se relève, ça se cherche, ça arrive. debout soudain et comme pour danser avec un homme, tenant sa main bien haute dans le vide, une sorte de flamenco limpide qui se défend d'avoir d'abord besoin de lui. la main reste haute comme alliée à la sienne, tout le corps avance et se courbe et soutient et se laisse soutenir, ça et là, pour et par le cavalier invisible. c'est cela peut être seulement, la réconciliation. c'est dansons ensemble mon amour, sans se remettre à l'autre que pour virer ensemble, sans exiger jamais et sans attendre, dansons simplement, terriblement, invisibles et sereins dans le signe et la nuit.