l'immédiate
journal d'O.

 

voyages somptueux. je lis l'adaptation du Moine de Lewis par Artaud, je jubile absolument. "Que, donc, tous ceux dont l'esprit de nouveau reflue vers les données fermées et purement organiques des sens comme vers leurs excréments, se nourrissent de ce résidu habituel et de cet excrément de l'esprit qu'on appelle la réalité, je continuerai à tenir pour une oeuvre essentielle Le Moine, qui bouscule cette réalité à pleins bras, qui traîne devant moi des sorciers, des apparitions, et des larves, avec le naturel le plus parfait, et qui fait enfin du surnaturel une réalité comme les autres." chez ma tante, feu flambant dans l'été, je me nourris d'un antique livre de médecine, chapitre Chlorose ou Hystérie, c'est huysmansien superbe et plein d'imprécations contre le germe morbide de l'imagination dévoyée des jeunes filles - j'adore. je rentre à pied au flanc de la montagne, je regarde le Nosferatu d'Herzog que Fabrice m'a offert et ne suis pas fâchée de pouvoir enfoncer mes ongles dans le bras blanc d'Hélène quand l'incroyable Kinski tout rongé de désir apparaît dans la nuit, particules de sa folie transportées par le faisceau de lumière du vidéoprojecteur sur le mur blanc et impalpable de ma maison magique. je rêve de Carmilla, une Carmilla moderne avec une mini-jupe et des bottes de moto, des créoles en argent, un air d'auto-stoppeuse à vous faire plonger net dans le cul d'un camion chargé de gaz toxiques - et qu'est-ce que ça peut faire ? le toxique, c'est elle, c'est quand elle vient très douce et que l'on tend la gorge, encore, encore, encore.

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samedi 12 août 2006

photo : Nosferatu : Phantom der Nacht, de Werner Herzog (1978)