l'immédiate

journal d'O.

 

 

dix heures quand Hélène monte dans le taxi ; il fait un froid de canard. je suis ici et là, je coupe les fruits, je trie les journaux, je peste à voix haute contre france inter - "Sébastien" témoigne de son histoire d'amour avec "Karl" sous l'oeil attentif d'une psy de bazar dont on apprend avec inquiétude qu'elle est l'auteur de plusieurs best-sellers, j'attends le jingle d'une minute à l'autre, genre bienvenue chez nos amis les bêtes - mais pourquoi toujours la reprise, sempiternelle reprise des codes les plus plats et les plus enfermants ? le fait est : je ne comprends même pas la catégorisation sexuelle, j'ai beaucoup de mal à accepter cette pseudo vulgarisation d'un soi-disant fait homosexuel, en vérité toute spécificité proclamée m'inquiète - passons (je viens d'écrire passions). le ciel est bas, blanc et gris moucheté sur les monts, avec le vert puissant des prés qui revient au galop dans les tréfonds de l'oeil. j'écoute des disques tristes et rêveurs, automnaux par avance, Barzin surtout que m'a fait découvrir Julien D dans le même mouvement que son propre groupe, Silencio (et son label Eglantine Records - une fois n'est pas coutume je fais un lien extérieur pour la pub) - toujours je m'engouffre dans cette beauté saisie, dense, prégnante, espaces extraordinaires de désirs lents et fins, physiques, où somnole la lune, la nuit, l'attente d'un visage, une femme qui se déshabille et dont on voit entières les cicatrices profondes. Hélène est partie, un vide écoeurant envahit tout l'espace de sa peau emportée, je me rends bien compte que je tourne en rond dans la quotidienneté et le dialogue brisés : déjà Berlin t'attend, déjà une fille de soie bleue aux grands yeux japonais m'absorbe dans sa rêverie, le mouvement est en nous, la vague incessante, l'envolée et l'appel - pourtant de l'une de l'autre nous n'aimons pas les départs.

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dimanche 13 août 2006

"It must be your
Overcast face..."
"