l'immédiate
journal d'O.

 

japonaise, ses yeux en filet suspendus à la ville. je la vois d'un seul coup, elle a un nom court, coloré, une petite bouche de fruit mordu, des mains qu'elle emmêle dans des fleurs, des chansons, une mer de sacrifice à l'extrême pointe du port de Yokohama - peut être. son pied nu sur un caillebotis et l'empreinte gardée, elle est dans un hôtel, une pension, une sorte de maison aux baies vitrées qui vibrent entre le train et la pluie, elle marche sur des chemins, le long des gares aveugles, la rampe elle la saisit de ses longs doigts sans bagues quand elle monte l'escalier, elle est avide, sereine, fantasque et malhabile, ses cheveux courts dans la nuque portent des mèches châtain clair comme ceux d'un garçon, elle rit trop vite et trop loin pour mettre à temps toujours sa main devant sa bouche - c'est une enfant frivole, elle n'a pas lu un livre, pas connu un pays, elle a quelque chose d'Orlando ou de Fabrice Del Dongo quand elle arrive en ville, émerveillée de son souffle et qu'il se réitère, encore, encore, encore, qu'il devienne tour à tour ascenseur dans le ciel ou folle errance des parcs, avec la nuit lumineuse qu'elle appelle son amie, elle marche, elle rêve, elle va mourir d'un coup dans la foule merveilleuse et personne n'en saura jamais rien.

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vendredi 18 août 2006

Pivoines d'Hiroshige