l'immédiate
journal d'O.

 

L, la longue peau dorée et disponible. on y entre les mains comme au vent, à la terre. donnée au feu du grand midi je te regarde lire, les yeux immenses, La Liberté ou l'amour de Desnos. tu y entres sans respirer, tu reconnais les signes, comme moi tu as marché comme elle dans la nuit froide et les rues de la ville tu as laissé tomber toute ta fierté drapée et l'odeur de tes jupes dans des théâtres silencieux, tu as traîné ta joie - éreinté aux regards - tu l'as jetée d'un coup fatiguée et sublime par dessus un balcon ou le pont d'un bateau, tu as pris les passages chaque soir tu les reprends comme les trains s'enfonçant dans la mâchoire de four de l'Inde et du Pakistan - mon coeur - est-ce que tu mesures la distance ? - c'est le vide et l'espace qui toujours s'en remettent à ta propre mesure - celle-là, infinie, virevoltante, le relief de ta peau dans les mains d'un grand chat ou d'un caballero, qui ne méprise rien - je te regarde lire, tes yeux filent et fibrillent, tu t'enfonces dans cet état splendide et qui n'est ni de rêve ni de veille et à peine d'infini, quelque chose comme la mer ou bien le gouffre de la joie.

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mardi 22 août 2006