encore
je m'use - à la
nuit, longuement, le corps tiré contre le réel,
le corps traîné jusqu'à ne plus - et pourtant
- ça tient toujours - ça ne
cède pas - idiote un peu quand le verre se casse entre
mes doigts et puis le filet de mes mains en sang - idiote et
fascinée
- mains qui bougent, mains qui font douleur, mains entrées
dans les tiennes dans ta
bouche dans la planche de salut de ton dos, mains mystère,
mains jouissance
- et des mots sans cesse et des images, des sursauts, des désirs,
des morsures, animée du dedans avivée de mille
bruits infimes et incessants de portes qui claquent de chasses
d'eau de
tubes fm d'enfants tristes du regard insistant des hommes
de jeunes femmes sourire plaqué à l'entrée
des magasins -
à chaque instant envahie, à chaque instant pénétrée
de toute chose - et ce faisant il me semble pourtant que la vie
me passe
sur l'épiderme comme de rien - à l'angle aigü de
la conscience je glisse dans un noir de pois épais et
tout me colle comme un très lent dégoût
attendre,
t'attendre
qu'encore
hors-je qu'encore cascade qu'encore
mouvement qu'encore fibre, essence, nuit, magma
premier de rocs violents d'animaux
fous d'eau furieuse
et
plus un mot