l'immédiate
journal d'O.

 

 

encore je m'use - à la nuit, longuement, le corps tiré contre le réel, le corps traîné jusqu'à ne plus - et pourtant - ça tient toujours - ça ne cède pas - idiote un peu quand le verre se casse entre mes doigts et puis le filet de mes mains en sang - idiote et fascinée - mains qui bougent, mains qui font douleur, mains entrées dans les tiennes dans ta bouche dans la planche de salut de ton dos, mains mystère, mains jouissance - et des mots sans cesse et des images, des sursauts, des désirs, des morsures, animée du dedans avivée de mille bruits infimes et incessants de portes qui claquent de chasses d'eau de tubes fm d'enfants tristes du regard insistant des hommes de jeunes femmes sourire plaqué à l'entrée des magasins - à chaque instant envahie, à chaque instant pénétrée de toute chose - et ce faisant il me semble pourtant que la vie me passe sur l'épiderme comme de rien - à l'angle aigü de la conscience je glisse dans un noir de pois épais et tout me colle comme un très lent dégoût

attendre, t'attendre

qu'encore hors-je qu'encore cascade qu'encore mouvement qu'encore fibre, essence, nuit, magma premier de rocs violents d'animaux fous d'eau furieuse

et plus un mot

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lundi 2 janvier 2006