l'immédiate
journal d'O.

 

Pierre aiguise son beau corps neuf à l'eau de la piscine ; je rêve des carcasses de bateaux échouées en mer d'Aral. où est le rapport ? demande-t-il. il n'y a pas de rapport, il n'y a que des morceaux. je pense à vous quand vous me sauviez de tout. des chevaux passent sur le chemin. le visage halluciné de Lea Massari au début de L'avventura, sa façon de regarder le corps vaporescent de Monica Vitti, sur le bateau, au bord des îles éoliennes. et quelque part la mer s'est retirée. j'aime tout ce qui s'accroche un peu vite, ce qui se râpe aux angles dans la chair, la collision, la densité. une robe très courte, très décolletée, avec des gants et des lunettes de soleil. donner et reprendre, même mouvement. seule, et amoureuse pourtant. le soir sous l'orage merveilleux, la vierge blanche foudroyée par deux fois, je la regarde tranquille d'une voiture lancée sur l'autoroute. la mer d'Aral je me demande, est-ce qu'être à Paris, à New York, à Bombay ce n'est pas déjà ça, des bateaux sans amarres abandonnés au souvenir de la mer ? toujours en moi le chéri manager : la beauté sera convulsive, érotique-voilée, explosante-fixe, magique-circonstancielle. je voudrais tout sentir et je voudrais tout connaître - tout m'échappe - et tout par le mot, par l'odeur, par le son, par l'image, tout me revient et reste follement dans la peau.

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vendredi 7 juillet 2006