l'immédiate
journal d'O.

 

Coltrane dans le bain et le livre rouge de Leiris (la course de taureaux) - dans la même pièce que toi je vois les angles morts des miroirs l'air en fracture au moindre de nos mouvements je vois le pli de ton pull enclavé à ton cou je vois comme je m'étends, chaque geste une entrée en effraction dans l'épaisseur du désir chaque geste au bord de l'implosion chaque geste je retiens mon souffle, je mesure, j'avance dans cette ardeur cette seule densité aimée du réel, je peux comme je le veux faire tourner sur mon doigt les quatre murs de la pièce et l'immeuble et la ville, je peux c'est toi que je veux c'est cette obsession absolue, c'est mes deux mains descendues au ravin de ta peau et le schiste râclé le corail la moelle rouge l'animal légendaire qui circule dans les fonds, c'est te tirer entier t'attirer à tomber c'est te sauver autant, c'est t'embarder, c'est t'être mêlée, inextinguible, c'est connaître à mon ventre la blessure de ton ventre, dans mes iris ouverts dans ma langue et jusque dans mon crâne c'est garder tout ton sexe ton rêve et ta pulsion, c'est la peur suspendue, c'est l'éternel non-retour, la beauté, c'est peau et peau et déjà au delà descendre infiniment dans le noyau noir avec toi.

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mercredi 21 juin 2006