l'immédiate
journal d'O.

 

dans la nuit silence et pluie je dis doucement doucement comme si la fatigue comme si la difficulté des talons aiguilles sur les pavés comme si la retombée aérienne des alcools et des orchidées et tu tiens ma main fort dans ta main gigantesque cette tendresse simple me jetterait à bas si de toute chair déjà je ne t'étais pas désespérément abandonnée et - tu ris encore parce que sur le palier de l'aube et de la fête lorsque j'ai dit de la façon la plus formelle qui soit à bientôt à l'un de tes amis il s'est exclamé ah mais j'ai une copine comme s'il se sentait en danger, et je pense à la jeune finlandaise qui ne voulait pas entrer dans la foule, it's just a game Kaisa it's alright, elle craignait et elle avait raison l'immense superficialité du grand bain de la fête, les yeux brillants sur le balcon elle me parlait de cinéma, je pense à G fumant dans la salle de bain avec l'obsession des fourmis rouges et m'appelant toujours soigneusement par mon prénom, et B chevaleresque à qui je m'étais plaint de toi avec toute la mauvaise foi qui me caractérise t'en aurait volontiers collé une si je n'avais pas hum pris les choses en main, je pense folle langueur bouche rougie un peu adolescente portant ton pull dans la nuit calme qui s'éclaircit, et doucement, doucement je dis, pour étirer la nuit encore l'étirer dans la peau qu'elle dure toujours la dérive dans la ville oubliée la sublime dérive des continents jusqu'à ta porte, ta chair, le damier noir et blanc de ton oeil infiniment reconnu du dedans.

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samedi 20 mai 2006