l'immédiate
journal d'O.

 

quelque chose sonne sous l'écorce de l'arbre, noir tison quelque chose de plus en plus fort et du fond du sommeil il me semble faire un geste d'année-lumière en avant pour attraper la planète Sedna, mon téléphone - où es-tu ? me demande Hélène, je me penche un peu par la fenêtre, eh bien, encore à Paris il me semble, en face d'un traiteur italien je crois, il y a un numéro de téléphone sur leur vitrine, je pourrais peut être les appeler pour leur demander le nom de la rue ? je me promène dans l'appartement vide, avec son pull l'odeur de sa peau c'est mieux, j'aurai dix-sept ans toute ma vie, écoutant ses disques, fumant ses cigarettes, roulant sur la matière des choses qui font sa vie extérieure, le code pénal pour caler les plantes vertes, le code civil en escabeau à chat, des bouteilles de mezcal, Dostoievski me regarde, ses papiers sont sur la table, son passeport me bat à plate-couture, ce sont des choses sues mais elles existent d'atomes et de lumière soudain, et puis son nom à elle ok, sa présence papier sans surprise ok, son sauf-conduit d'étrangère soyons douce, mon collier répandu dans les lames du parquet perles qui brillent au soleil, ma fatigue, ma langueur, tu es là à nouveau et la nuit, tes amis, la tendresse de tes mains, un bar ici et là je ne regarde pas le nom des rues la vie que tu choisis je ne pose pas de question - tes mains géantes comme elles entrent dans ma peau, en silence, c'est insensé, c'est évident, j'accepte tout de toi.

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dimanche 21 mai 2006