l'immédiate
journal d'O.

 

tango. la fièvre, fébrile, la nuit sur les épaules et cette espèce de joie simple : entière dans des bras inconnus, filant très sombre sur un parquet parfait, l'odeur des sueurs et cires, mélangées. toujours je me retrouve de ces filles rideaux rouges, avec les hanches qui vont naturellement, l'oeil pas commode, voilà - la danse permet cette eau trouble et apprivoisée, l'espace ouvert de la nuit à l'épaule de l'homme, ivresse sans vertige et du pas formulé. il s'approche sans ciller et le rituel s'instaure : l'abrazo tient la peau dans une tension douce qui monte dans le sang, lentement. c'est difficile pour moi d'abandonner les rênes, difficile de ployer la jambe sous la commande, difficile d'accepter le bien piètre équilibre, sur des talons très hauts, qui exige la remise entière de soi au perpétuel inconnu... je pense aux premières heures, il y a longtemps, longtemps, une éternité fermée dans le quiconce en miroir d'une salle de danse classique, avec la pluie battante dans un printemps de fortune, et P si droit, si fier qui me faisait danser, lentement, merveilleusement, dans un silence d'orage et les yeux grands fermés.

avant - après
index - journal
ego - archives -

© 1999-2007

lundi 13 novembre 2006