l'immédiate
dans la foule dense et vive d'une toute petite salle de concert, soudain il prend ma main. je lève les yeux l'air légèrement glacial, je dis : ah oui ? il y a l'odeur de la pluie sur le revers de sa veste, une pluie d'automne sombre avec des morceaux de forêts, les baraques de bord de Marne fermées à double-tour sous leurs lampions fanés. il sourit. il dit : oh oui... il a des yeux si pâles c'est le tour de l'iris qui m'enserre, et ses bras, et sa bouche, on se navigue un peu dans la foule et voletant d'amis en connaissances chacun de notre côté nos mains restent extraordinairement liées. est-ce que c'est la pluie encore ? un truc roule dans ma poitrine, un mouvement frais et régulier, une forme de courant ou un bonheur tranquille - nous sortons dans la rue, des types jouent des percussions, il joue avec eux, il est languide et calme, l'air chat et terrible sans sourire : quelqu'un dit mais vous vous ressemblez tellement ! je ne veux pas le savoir, je ne veux rien savoir, ce soir comme tombé de la pluie tu es le tout premier, le seul, l'absolue découverte, la fin de la souffrance inerte aux terribles couteaux - et les yeux transparents doucement tu dis les mots : gagnés du silence, sésames de ma joie, les mots qui m'apaisent et me soulèvent si loin - ton visage à mon visage dans la lumière forêts des réverbères je ne sais pas ce que tu vois, quand tu me regardes je ne sais pas - tu ris, tes yeux basculent, ma gorge tellement, assurément tu me tiens du fin fond des cordages des voilures du fin fond du rêve en goélette lancée et nuit profonde, debout dans un désir insondable quand je descends le zip de ma robe tu dis doucement, doucement - et cet instant-là, cet instant d'horizon fou sans attentes - toute entière dans tes bras, donnée et libre. avant -
après samedi 23 septembre 2006 |