l'immédiate
journal d'O.

 

dans le train, les jeunes cadres dynamiques avec leurs lèvres roses, ourlées de bonne morale, leur rictus dont ils savent sans fatigue qu’il les emmènera loin, les femmes en boucles factices, cheveux teints, blond foncé, vénitien clair, l’or des bijoux, le parfum pour couvrir l’odeur de leur peau qui est fade et poudrée comme celles des petits bébés, elles continueront jusqu’à La Baule, Le Croisic, une maison aux allures rococo de stuc et de fleurs mortes sur un front de mer habituel – à Nantes enfin et folle de fatigue, de chaleur, le désarroi dans les os que rien n’efface, rien n’allège, c’est un fait que le monde est tout autre quand je rentre dans la pièce froide d’une réunion tardive, et fragrante la pluie remonte des massifs merveilleux, mon coeur à flot, la rupture d’un monde à un monde, nous ne nous connaissons pas et nous parlons pourtant la même langue militante, l’un très calme aux yeux mobiles, l’autre fumant sur le bord de la fenêtre, le troisième ouvertement abîmé, avec la voix de V qui est la voix de M, j’étais perturbée aussi de cette interférence du coeur, perturbée vraiment, je n’ai pas vu venir le garçon très blond aux yeux très bleus ou bien si - je l’ai vu venir de très loin, flanqué de deux belles filles sans sourire, et sa façon de marcher me retournait la peau.


avant - après
index - journal
ego - archives -
email
Ophélia © 1999-2007

jeudi 6 avril 2007