l'immédiate
journal d'O.

 

L lointaine et même si jamais distante, jamais oubliée j'ai mal de ce creux ouvert sur la carte du monde - qu'est-ce que tu vois, qu'est-ce que tu absorbes, quelles lumières dans le soir sur le désert splendide, quels yeux doux et perçants, décharnés, en étoile ? je te vois sur le toit, passée par les fenêtres avec ton sourire fou mais des maisons, des rues, de la ville intérieure je ne vois pas les formes, je ne devine rien, je n'ai pas de couleurs suffisantes pour donner à ta peau, là-bas, si loin, hors des vies que je connais et hors de mon emprise, je voudrais, je peux pas, je te laisse ton espace de rêve à vivre seule, ta liberté sous le vent, ce que tu accueilles en toi d'une route ou d'une tempête, jusqu'aux parfums qui changent les particules de ta peau, peut être, et ceux qui la colorent ? il n'y a pas d'exotisme pour moi sur cette étendue vide d'images et de mythologies, il n'y a pas d'attentes, pas de fascination, rien (cette même disponibilité vierge que j'avais avant de connaître le Japon) - tu as dit le Rajasthan, j'ai dit ok, et dans ton départ la carte s'est fendue d'une béance insondable, c'est un pays entier, immense, mouvant, multiple et imprenable qui te tient tout à lui, un corps fou sans visage, et qui m'appelle aussi, qui m'appelle à le connaître maintenant, intimement, véritablement, pour mieux te retrouver.


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dimanche 18 février 2007