l'immédiate
journal d'O.


sans doute, je suis partie un peu vite. la pluie ou l'appel de la ville, me hisser hors de tes bras au moment même où je ne désire qu'y tomber, être distante et d'apparente confiance, tout pour ne pas dire : parfois, j'ai peur. souvent, j'ai peur. je ne t'ai rien dit, j'ai tout raconté au garçon américain qui rêvait sur un morceau de la Seine parce qu'il parlait ma langue lointaine et qu'il avait un tire-bouchon. la nuit est descendue sur mes secrets sordides et rien d'autre n'est resté que l'ombre projetée des arbres sur les façades par les lumières des bateaux-mouches. je suis rentrée tard, vide de moi-même, et voulant te dire la force que tu me donnes, la confiance en ma peau, l'assurance des vivants, toujours pour dire merci de ces morceaux de joie simple qui s'en vont se dissoudre mais qui me changent tellement, toujours heurtée à mon propre silence. dans le métro, d'abord les mains collées à la vitre sans tain de la cabine du conducteur pour voir venir les rails il m'a ouvert la porte, je me suis assise à ses côtés dans l'obscurité et j'ai passé les arches sombres, la lumière fade des stations vides, les sonneries stridentes et le calme de rêve du train lancé à grande vitesse dans l'autre monde des souterrains, jusqu'à la fin de la nuit, jusqu'à épuisement de l'angoisse.

 

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mardi 3 juillet 2007