l'immédiate
journal d'O.


la musique et les corps apprêtés, l'alcool, la nuit, le refuge rassurant d'une conversation de surface, les couples sont comme les oiseaux, inséparables, intarissables, et battant inutilement des ailes en dehors de leurs cages : je me promets toujours d'en prendre quelques photos pour l'anti-souvenir même si dans ce zoo des fêtes parisiennes c'est moi qui sans doute deviens l'espèce rare - et définitivement sauvage. M rôde comme moi, les yeux bas, bouche sanguine. j'hésite entre l'attaque en règle d'un couple de canaris particulièrement bruyants sur leurs vacances discount ou la fuite raisonnée vers d'autres territoires quand elle surgit, tranquille, superbe, les lèvres nues et les yeux également, riant de tout avec un haussement d'épaule à faire dormir les tigres dans le creux de son cou, léger et souverain. je m'assois à ses pieds sur le bord d'un sofa, nous parlons de choses rares et tragiques et splendides, nous parlons la même langue, la même clé immédiate, et la beauté soudaine de la nuit nous submerge entièrement. plus tard, j'ai couru dans la nuit pour rejoindre le métro, j'étais folle, exultante, faite absolue par la rencontre comme une fille amoureuse.

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27 juin 2007