l'immédiate
journal d'O.


le soir et l'abattement, le dégoût de ma peau, de ma voix, de l'espace que je prends dans une pièce ou une rue, il n'y a pas de raison, pas d'utilité, pas de perspective ouverte et l'échappée même n'est qu'un moyen de remettre à plus tard l'horreur de faire face au grand vide, je suis là : blanche, physique, avec une jupe et des bijoux de pacotille, je joue tous les codes de mon sexe et mon âge, je suis de trop dans le tableau, une image comme une autre, lisse, fade, bien au flou dans le langage qui me ramène à moi et plus rarement au monde, je ne sais pas, tout me heurte, je me heurte, écrire quelle idée, pour quoi faire ? tu dis viens, tu m'emmènes, il ne faut surtout pas que tu me demandes mon avis, je ne veux rien, je ne sens rien, je peux rire aux éclats et puis entrer dans une rage folle et rester de surface, la peau plane parfaitement, je ne sais plus, il me semble qu'une masse est dans ma tête et broie ce qu'il y reste, et soudain tu t'approches, et je t'ai reconnu.


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mercredi 7 mars 2007