l'immédiate
journal d'O.




Prague : l'avancée dans l'eau claire et brillante, au hasard. il neige aux premières heures. je respire la lumière. 
Karlovo náměstí, il faut ce tram bruyant, le front à la fenêtre, les hommes et les femmes faits d'un tissu fort et sombre : dans la salle surchauffée, les bris de voix, les bancs, l'odeur de la bière et de la viande panée. Prague : " Tu passes d'un trottoir à l'autre / Comme si tu jouais aux échecs / Avec une lampe à la fenêtre / Avec un cheval dételé "... le vieux Nezval est avec moi puisque tu n'es pas là. Prague : " Je ne sais pas pourquoi je voyage toujours ainsi / Quel fardeau je transporte de ville en ville / Comme le secret de certaines fenêtres "... je n'attends rien de cette ville qui se donne tout entière, soudain, comme une belle femme aux cheveux un peu fous et qui volètent au vent : Prague, la silhouette merveilleuse de la nuit, tours dressées en flambeaux, et l'horloge célèbre de la grande place n'a pas sonné. Prague, je dors d'un sommeil de rêveuse au lit rouge, je touche le froid en moi qui s'estompe, lentement. c'est la nuit, un garçon dans un bar regarde mes mains et m'offre une cigarette, sans un mot. ses yeux sont aussi la fumée. la tempête va et vient dans la rue comme un animal fidèle, si je sors maintenant les chiffres sur les murs marqueront le jour de ma naissance et puis la nuit de ma toute première mort. cette impalpable beauté... j'avance jusqu'au pont, le pont magnifique et qui porte mes rêves - tout mon coeur en suspends - j'attends d'en être traversée intense et hors du temps comme on voudrait être embrassée.


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jeudi 29 novembre 2007