l'immédiate
journal d'O.

 

ce moment où je ne peux plus. elle m'assoit dans un salon simili balinais, je suis du côté des livres et du portrait de famille (Derrida). comme tout est ridicule, minuscule, primordial. tout à l'heure, dans la rue, marchant vite, j'ai compris que je ne respirais pas. jamais. jamais complètement. l'air même je n'ai pas droit. je vis sur la surface de mes poumons, sur le bord extrême du sensible. je vis ? je ne sais pas. elle fait du thé, c'est l'heure sombre, qimen da bie aux yeux de lune, fort, astringent, et dehors la rue parle à voix basse, je crois que je pourrais pleurer mais elle est forte pour deux, en vérité si lointaine-attentive, douce-tenace, brillante à se mordre la lèvre, brutalement, quand le mot ne suffit pas. j'ai besoin d'elle et d'autres : être du côté des femmes qui n'ont pas peur. plus tard, avec les chéries américaines dans un bar du boulevard, parlant Butler Lacan Irigaray j'adore et le serveur intrigué : toi tu es une dominatrice ! - I don't think so. j'achète un truc inutile à un vieux Chinois qui fait briquet un peu et projette l'image d'une femme nue, en faisceau. il est tard. Laura m'emmène dans la nuit tiède et ses yeux de fumée - une fête dans un étage, avec des soies blanches, des bougies, de belles filles du Midwest accoudées au balcon et qui versent la gorge... je danse. j'accepte. le désir d'être entière - tous morceaux rassemblés, tous fragments pris, distincts, mais ensemble. dans la cuisine la grande meute de beaux bruns je ne drague pas, rien, je jure, j'ai rien touché, j'ai enlevé mes très vernis très 50's talons aiguilles et aussi mes boucles d'oreille, je bois du jus de pamplemousse dans un mug Mets, je veux plus loin que la surface et aussi plus loin que moi-même machine désirante enrayée, je veux - être entière - être douce - être sans peur c'est tout ce que je veux.


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vendredi 18 janvier 2008