l'immédiate

journal d'O.

samedi 10 août 2002

dans les catacombes de paris avec une bande de touristes et des taupins en mal de souterrains, je marche sur les morts (ça craque). et dire que quelque part dans ce bazar il y a les restes poussiéreux et pleins de terre de camille desmoulins ! moi ça me déprime. on ne peut vraiment compter sur personne. alors un peu idiote et puis très vivante, de la boue plein mes chaussures je m'en vais bras dessus bras dessous avec une Hélène fatiguée manger des pancakes aux raisins au Bon Marché. je pense : c'est fou ça, il y a plus de parisiens morts et enterrés dans les catacombes que vivants à la surface. il fait un soleil magnifique. la foule coule liquide sur les boulevards. on aurait envie de rire tout le temps, de fatigue, de jeunesse, et parce que le coeur bat, très amplement. moi je m'étonne toujours de cela. moi je reste toujours fascinée par mes propres mains qui bougent, mes jambes, mon ventre, ma voix. toujours la foule coule très liquide et tout le monde tournoie. on est bien mieux là, en surface, au soleil, dans la ville anéantie de chaleur. et dire que tout à l'heure on marchait juste là-dessous, les couloirs étroits, l'eau qui suinte sur les murs (je dis tout bas : je crois que les morts transpirent), à un moment je n'en pouvais plus de rire, eh bien quoi me dit H, ça t'amuse tant que ça, tous ces types qui un jour ont été bien vivants comme toi ? je dis : non mais tu as vu toutes ces plaques, ça doit être terrible d'être enterré à vie avec tant de mauvaise poésie.

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