l'immédiate

journal d'O.

mercredi 14 août 2002

c'était un mois d'août à paris. on portait des robes fines. je m'endormais debout dans la chaleur. H vivait chez moi. un soir nous avions suivi deux types plutôt gentils jusqu'à boire un truc aux Etages St Germain, très vite alors je m'ennuyais, je disais des bêtises, les deux types étaient doux mais mous comme des éponges, avec un je ne sais quoi de moisi, de contrit à 20 ans, une assurance passive un peu bête, abandonnée par la vie. j'en devenais folle, à la fois agressive et lointaine, terriblement déçue. je disais à H : note pour l'Esthétique de la Rencontre, il faut sans doute savoir s'arrêter quelques fois au moment de la rencontre, ce moment très doux où marchant dans la rue son bras te frôle et tu souris, tu continues de marcher tu es rue de médicis il est dix heures et demi du soir en été, le type hésite à peine et puis te court après, il revient, il sourit, il a les yeux très doux, vert clair ou presque gris, il t'invite à boire quelque chose et là il faut dire non, dire non avant que tout s'effondre dans l'alcool un peu lourd d'un cocktail, l'écoeurement du monde de la jeunesse branchouille et tout ce bruit ! ce terrible bruit qui cache à peine maintenant votre silence gêné, vos bras qui ne se trouvent plus, la distance nouvelle de la réalité, vraiment il faut dire non, ne garder que le souvenir d'une belle soirée d'été, quand ton corps emporté par la nuit attire son bras dénudé, au moment seul de son premier regard : l'éternité.

en plus, lui dis-je encore (mesquine), ces types-là ne sont intelligents que de loin.

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