l'immédiate
journal d'O. |
jeudi 15 août 2002 c'était un mois d'août à paris. nous dormions tout le jour, serrées dans le même lit, le soir après le bain nous sortions dans la rue pour aller voir des films, des trucs dans des petites salles et puis quand on rentrait on écoutait ferré : night and day. je confondais le jour et la nuit, je te disais it's a day-for-night lifestyle, je te montrais des bouts de films ou de photos, un soir pleurant et abattue de tristesse (les sales types qui partent) tu me demandais : est-ce que les garçons sont magiques ? je te disais non, ou alors ils le cachent bien, enfin je suis mesquine encore, quelques fois quelques uns, ils viennent quand tu n'attends plus ils ne te demandent rien ils posent leurs deux mains sur tes mains et leurs deux lèvres sur la blessure ouverte et alors, alors je ne sais pas, alors je crois qu'il se passe quelque chose, ça arrive quelques fois, je ne sais pas vraiment quoi, un sentiment d'appartenance, comme d'avoir trouvé un pays, un endroit où poser sa tête et puis dormir toujours, tu vois, le repos à l'intérieur de soi, le miroir à l'intérieur de l'autre. ce soir là tu disais : j'en ai marre de ces sales types, et je hochais la tête un peu gravement en signe d'assentiment. c'est comme ça que les filles se consolent. en faisant leur deuil de la bêtise des hommes. ce soir-là je faisais la promesse avec toi de ne plus jamais tomber dans les pattes d'un sale type (), et puis aussi comme toi je crois que je tenais mes deux doigts croisés serrés très fort dans mon dos sans oser souffler mot. tu te couchais dans mon lit. tu étais douce et apaisée. je regardais avec toi la nuit américaine. |
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