breathing under water...
... living under glass

(un journal online)

 

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26.08.01

un certain souci d'intimité

venir s'asseoir dans le matin blanc, derrière mon rideau jaune. j'ai peu dormi. j'ai mal dormi. il y a comme une boule de nerf dans mon épaule qui danse et qui crie, une boule de nerfs qui m'habite comme une étrangère. je sens le décontractyl à dix mètres, et cela seul me fait rire.

un certain souci d'intimité. doucement, très doucement je me détache. quitte à être exclusive, élitiste, soyons le jusqu'au bout. cintrée dans ma blouse bleue je jette le superflu sans un regret. je veux le coeur des choses. je veux le coeur tout court. tout ça c'est peut être la faute de ce rêve. il fait un pas en arrière et plutôt que le regarder disparaître c'est moi qui l'efface du revers de la main. j'ai trop peur d'être seule pour supporter la seule esquisse d'abandon. comme un goût d'absolu dans la bouche. l'amer très vert de l'absolu, comme l'absinthe, comme ses yeux.

 

un certain souci d'intimité. j'ai cru que niko avait trouvé ce journal hier soir. j'ai eu très peur. peur parce que savoir ses yeux sur mon écriture ici la transformerait plus que n'importe quels autres yeux l'ont déjà transformée. peur parce que ce journal est mon secret, mon dernier retranchement, mon domaine d'aquitaine à la tour abolie... c'est mon jeu, ma dernière arme contre le commun, le conformisme. ma manière à moi de me démarquer. évidemment personne autour de moi n'en sait rien. mais moi cela me rend plus fière encore, intérieurement. il est le digne reflet de mes promesses d'avenir, mes ambitions de vie. oh rien d'extraordinaire si ce n'est la volonté de vivre l'ordinaire, l'ordinaire comme extra. la volonté de vivre, déjà, rien que ça.

brouiller les pistes. créer des pseudos. trouver un moyen d'éloigner les robots indexeurs. peut être pousser la paranoïa jusqu'à restreindre l'accès par mot de passe ? j'ai toujours voulu jouer avec le feu, garder la vérité juste devant les yeux. plus que jamais, j'ai l'impression d'écrire, de me forcer à écrire pour ceux que j'aime. semblant de modestie, je ne tiens pas particulièrement à ce qu'ils le sachent, voilà tout. c'est ma manière à moi, en alertant le monde mais sans leur en souffler mot, de leur rendre hommage. fin du discours. applaudissements.

j'écoute les manic. je rajoute de la glace pilée dans tout ce que je bois. il fait chaud à fondre. Liame est passée cet après-midi, elle m'a parlé de vacances au brésil, de soutien-gorges et du rayon luminaire de castorama.

L, hier, qui me cherche dans une boutique de lingerie : "vous n'auriez pas vu une fille avec les cheveux longs et des chaussures de petit chaperon rouge?"
on s'arrêtera à cela pour la description du jour. mais oui voyons, je suis la fille qui lit borges dans le métro, celle qui fond en sanglots au cinéma hautefeuille, celle-là encore qui n'achète que du jus d'orange sanguine et des barres kinder au supermarché de votre quartier. hello.

un souci d'intimité sur internet. on aura vraiment tout vu. oui, mais quand même. par intimité j'entends, mon rendez-vous secret avec l'écran, le clavier, le ronronnement de la machine. mon rendez-vous avec moi-même, le fond de mon monde. par intimité j'entends aussi, une envie d'être bien, d'être mieux, dans un espace neuf, blanchi, pur. une envie de liberté nouvelle. par intimité j'entends encore, le désir d'écrire pour rien, de venir à écrire pour rien, pour celui qui trouve ce qu'il cherchait, ou pas. pour le hasard. pour la beauté immense de la nuit. de la vie ?

borges, au dos du livre de sable : je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. je ne crois pas à ces deux abstractions, chère au démagogue. j'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps.

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