jeudi 11 avril 2002
encore une fois faire semblant. encore une fois boire à son verre et puis rire un peu trop fort et puis aussi parler pour ne rien dire, essuyer d'un sourire le regard concupiscent du type d'à côté, se fondre se fondre à tout prix dans la masse gluante des soirées étudiantes, musique trop forte et puis toute cette fumée partout, les rires qui fusent les blagues grasses le plus profond des dégoûts. je pense à la pluie très douce sur les jardins du luxembourg, et quand aux pieds de la statue je l'attendais infiniment, cet amour à tout rompre, rompre la couleur, la nuit, le rêve et le langage. triste et perdu A m'écrit : tous les matins revenir à réalité dans le goût amer du café. je réponds à demi-mots. je relis le ravissement de lol v stein. je me sens abattue d'avance par la déception, la vanité, la bêtise. je déteste mon emportement fou en avant dans l'éloignement, le rêve, l'abandon à d'autres corps. je déteste mon emportement fou en avant et je sais pourtant que c'est ce qui me tient vivante. le soir dans la foule la musique et l'alcool, le dégoût n'a de limites que celles de la fatigue. je veux retrouver le rêve et la pluie et la couleur des jardins du luxembourg. on me demande si je veux un autre verre. je réponds : on ne sort pas indemne d'un tel amour.
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