vendredi 12 avril 2002
nous sommes partis marcher le long du lac. il y avait ce parfum qui remontait avec le vent, le goût de l'eau et puis l'odeur des pins, le printemps. j'adorais sa désinvolture de petit garçon, je lui disais : c'est très nord-américain. cette confiance du corps, cette facilité à aller dans la vie avec un perpétuel air de road movie. enfin je veux dire : c'est très nord-américain. le soir dans sa chambre d'enfant, dans la grande maison de ses parents, les photos de prom les tenues de hockey, les médailles sur le mur et puis son lit bien fait, je glisse tout doucement dans son enfance, les cabanes qu'il construisait avec ses frères sur la petite île de la rivière, son école de brique et puis l'église où l'emmenait sa mère, c'est un décor de film bien sûr, il a grandi en écoutant de la musique barbare sur les radio campus, il a voyagé beaucoup il est monté jusqu'en alaska voir comment la vie était là-bas, il est tombé amoureux et on l'y reprendra, le soir quand il me regarde écrire il n'ose plus parler, il caresse mes cheveux et il me dit que ça lui fait un petit peu peur, que j'écris comme si je devais mourir immédiatement. je lui dis que je ne vois pas comment on peut vivre autrement.
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