lundi 15 avril 2002
je marche dans la ville chaude. j'achète des petites tasses japonaises et puis du vin de prune et puis j'ai une folle envie de m'endormir toute habillée sur le lit avec une robe de coton blanche et des chaussures d'été en regardant le mépris. la ville chaude me fatigue. ça tangue. j'ai un petit peu mal au coeur, au ventre, le vertige. je m'en fiche. cette nuit du fond de mon sommeil il est revenu me voir. il ne m'en voulait pas. le garçon aux cheveux noirs comprend ça, il comprend mon abandon complet au désir et au corps. il sait que la vie parfois c'est difficile et d'autres fois c'est sublime et que c'est pareil au fond puisque l'on sait que l'on n'existe que pour un petit temps très court. par delà les portes de fer forgé qui s'enroulent autour de mes poignets comme de grosses fleurs ouvragées, par delà les chemins blancs et les arbres fous sous le vent, par delà tout, le rêve la nuit et puis la fièvre, le garçon aux cheveux noirs est toujours là, toujours secret comme un enfant, et il comprend. cette nuit comme folle emportée par son souvenir j'ai remonté toutes les marches jusqu'à lui. je n'avais pas peur. j'ai remonté toute la nuit jusqu'à lui. j'emmenais avec moi les mains d'un autre et puis la sève forte des pins et le parfum lourd, prégnant des lilas. l'ivresse douce, le corps qui balance, comme on doit balancer dans sa tête lorsque le sang s'en va. j'aurais bien voulu mourir pour lui tout de suite et sans attendre. m'effacer de tout et puis le retrouver tout au bout. pour lui et pour lui seul faire quelque chose d'idiot, quelque chose de fou.
le garçon aux cheveux noirs
et aux yeux clairs, ou n'importe quelle couleur pourvu qu'il m'aime.
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