breathing under water...

(le journal d'ophélia)

jeudi 25 avril 2002, bis

l'intime il n'est pas, il n'a jamais été dans les gestes, les secrets, les petits évènements qui font la journée. l'intime est dans l'écriture. quand j'écris mon corps sur le sien alangui, ça n'est pas de l'intime que j'écris. c'est un moment. l'intime, il est dans l'écriture de ce moment. il est dans les mots et il est dans le langage. le langage de mon corps alangui sur le sien, le langage de mon corps de mon ventre de mes mains.

et quand je me couche sur son corps toute la nuit, ça n'est pas encore là que je vis. quand je me couche sur son corps je me dis : avec quels mots écrire ceci, ce sentiment fou d'abandon, le désir. plus tard, en écrivant, j'écris le moment, l'évènement, et j'en dégage, par le langage, la pure essence, la vie. avant lorsqu'il me disait : tu vis trop dans les mots, cela me fâchait. maintenant j'admets. j'admets aussi que les mots ne sont pas un barrage. ils sont un pont entre le réel à l'état brut, celui qui m'assassine, et le réel fantasmé, supporté, celui retravaillé dans le langage, mon langage, le langage de mon enfance et de mon corps.

la pluie, les livres, la lumière bleue du soir et je chante, dansant pieds-nus sur le parquet qui craque : moon river, wider than a mile, i'm crossing you in style, someday...

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