mardi 2 avril 2002, bis
le rêve, c'est la part de réel que l'on n'a pas encore vécu. je l'ai déjà dit : le rêve, la vie, l'écriture, le désir, c'est pareil. quand je m'endors le soir c'est pour changer de lit dans mon sommeil. la chambre rouge, les rideaux ouverts sur le jardin, et la nuit, la lune, l'énième chapitre d'un roman romantique, je voudrais qu'il revienne parce que je voudrais qu'il m'aime, sans un mot, plus jamais, le langage est une trappe à rats, et caetera. et pourtant. le jeune homme aux cheveux noirs n'a pas d'âge, pas d'histoire. je le rejoins dans le rêve parce que je n'ai plus que là où aller. le rêve, c'est toute la vie à venir, et moi je l'écris, partout, je l'écris parce que ça ne parle que de toi. je sais bien que je mourrais de ça. le goût de l'absolu. bérénice avait le goût de l'absolu, elle était pire qu'un meurtrier. son visage que l'on n'oublie jamais, son visage de noyée. ses cheveux multicolores, et sa chanson infinie sur les bords de la seine. quand je m'endors le soir c'est pour changer de lit dans mon sommeil. je me souviens de Th, soudain, sa main offerte dans l'obscurité, ses yeux bleus, fous, et comme il me serrait. le jeune homme aux cheveux noirs n'a pas de nom, pas d'histoire. son histoire commence au moment où il avance vers moi, le premier geste, le premier pas. je n'ai pas peur. je voudrais que ça dure toujours. faire sa nuit, et le temps, et l'amour. quand il se retourne, figé, dressé devant la fenêtre, qu'il fait un pas vers moi, alors seulement revient cette phrase que je n'oublierai pas : stories only happen to those who can tell them.
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