mercredi 3 avril 2002
on n'imagine pas la discipline du journal intime. tous les soirs, venir à son bureau, s'asseoir, écrire, même -et surtout- lorsque l'on n'a rien à dire. rien à dire, oui, mais tellement de mots en trop, ça déborde, ça sort de partout, quand je me réveille la nuit quelques fois en sursaut et brûlante de fièvre ça n'est que pour jeter quelques phrases sur un carnet, se libérer, et retourner au rêve. on n'imagine pas la discipline du journal intime. le temps. le travail. ça commence comme un jeu, et ça devient un accomplissement de soi, une nécessité. j'ai commencé comme un jeu, un enregistrement facile de la vie et du temps, et très vite, très vite vraiment, j'ai été dépassée. je ne parle jamais de ces choses-là. je ne sais pas pourquoi. je ne dis jamais que l'écriture est difficile, douloureuse, qu'elle se porte et s'enfante, qu'elle ne s'improvise pas. je ne dis jamais que l'écriture est venue avec toi, la vague immense qui m'emportait, l'envolée en avant, dans l'inconnu, et la nuit, le langage, l'amour fou, je ne dis jamais que l'écriture est venue avec toi, la seule solution à tout, cette vie sans issue, je ne dis jamais que l'écriture est venue avec toi, un aboutissement, une évidence, tes mains sur les miennes pour m'amener au monde, me sortir de l'enfance.
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