mardi 9 avril 2002
encore habillée des mains d'un amour ancien pourtant déjà il faut glisser plus loin, plus loin encore, entre la neige et la nuit, l'abandon désordonné du corps. je veux ça et je veux tout, je veux le fractionnement la multitude la saturation totale jusqu'à la fatigue infinie. je pense à la jeune fille douce qui se donne sans peur de rien. je pense à elle et dans ce même acte fou, déraisonné, je la rejoins.
nous sommes les immédiates. nous n'avons d'autre souci que celui de notre corps. nous sommes les immédiates, quand vient la nuit nous allons folles un peu échevelées dans la ville endormie, et alors sous les manteaux légers le corps se gorge tout entier du bruit et puis de la fumée, les cris les lumières la rumeur de la nuit, nous sommes les immédiates, nous sommes là où est notre corps d'abord, quand le jeune homme silencieux nous touche ou quand il serre ses mains autour de notre ventre nous sentons la vie monter en nous comme en la sève des arbres, la vie superbe qui nous traverse les entrailles, dans la beauté sombre du jour nous sommes folles nous allons libres sur le bord du monde sans filtre et sans filet, funambules de l'impossible et petites filles du rien, sur le fil toujours sur le fil se donner au vide car rien jamais ne nous retient, et qu'importe si l'on tombe, qu'importe si l'on sombre infiniment dans l'oubli puisque l'oubli déjà est en nous.
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