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jeudi 20 décembre 2001 alone and still, gazing out to sea la mer. vivre, jour après jour, c'est pour moi comme se laisser aller à la mer perpétuelle. mouvance douce et régulière du sommeil, l'eau du bain douce et nourricière (l'éternelle maternité), et puis le temps... le temps qui coule, inoxérablement... je cherche du sens à tout, tout le temps, et je ne trouve que ça. la liquidité confortante du monde. j'invente des phares dans l'océan, je lis virginia woolf dans mon bain, je me laisse aller à ça, et pourtant, pourtant j'ai un prénom de princesse noyée. |
| ma soeur me parle de la tristesse nouvelle qui
l'habite, son manque de goût pour des choses qui lui plaisaient tant avant, et l'exigence
terrible qui fait que tout désormais la dépasse, l'ennuie, l'enferme dans une nouvelle
conception des choses. le monde est absurde, me dit-elle. oui. je dis des choses idiotes
pour la faire rire. le monde n'est plus absurde quand elle commence à rire, quand elle
laisse éclater son rire. je crois qu'elle sait pour ce journal. je crois qu'elle sait
pour beaucoup de choses. elle ne dit rien. et moi je l'aime tellement, tellement que je ne
peux pas le lui dire non plus. tôt, le matin. la lumière blanche, le thé brun bu sur le bord de la fenêtre. je pense à celui qui va dans la vie comme il allait dans mes rêves, dans mes mots, avec la douceur terrible des enfants de la lune. |