| jeudi 6 décembre 2001 des vers orphiques qui rongent les portes les jardins du luxembourg dans le début d'hiver, très blancs, très doux, en même temps cassants comme l'air frais et le bois sec. de petits bateaux vont et viennent sur le miroir des fontaines. mathieu est un peu triste mais je voudrais qu'il comprenne, que c'est cette même tristesse douce et très lointaine qui fait la lucidité, la finesse, la justesse de la mélancolie dans la foule avide de bonheur en boîte (les cinémas affichent les baguettes magiques d'harry potter, sur le boulevard les gens se pressent dans les magasins pour s'acheter de belles fêtes de noël, à un moment je lui dis, parfois le monde tourne tellement vite ça me donne mal à la tête.) |
| X m'appelle pour me dire que je dois aller au
luxembourg dans ce début d'hiver, qu'il y était le matin que tout était très blanc
très doux, en même temps cassant comme l'air frais et le bois sec. je dis oui-oui, j'ai
du travail va donc dîner chez mes parents. j'achète des livres en anglais et nicky des
livres en français. je traverse la place saint sulpice en croquant dans de grosses barres
de chocolat belge. il fait froid, sur le boulevard saint germain je marche à petits pas,
à petits pas sur les osselets de ta colonne vertébrale. je marche à petits pas, dans la
rue visconti tout à l'heure je ne me retournerai pas, je remonterai la rue comme un long
couloir inconnu, à petits pas, je ne me retournerai pas je ferai ça pour toi, pour
n'obéir qu'à toi (au moins le temps de remonter la rue), pour n'être qu'à toi dans ce
geste là, à petits pas, tout à l'heure dans la rue visconti je ne me retournerai pas,
je penserai à ta main serrée sur ma nuque, à cette légère pression de ta main sur ma
nuque, ta main sous mes cheveux sous ma peau sous mes mots, même, j'aurai l'impression
d'avancer dans un rêve, les lumières pâles du soir les graffitti aux murs, tout au bout
de la rue l'agitation du monde, mon obéissance offerte pour une fraction de seconde. avant - journal - écrire - après
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