breathing under water... ... living under glass (un journal online) |
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jeudi 21 février 2002 la douleur est comme un iceberg, dit-il. je ne sais pas ce qu'il veut dire par là. je ne sais pas. et si je parle, je pleure. la douleur est comme un iceberg, peut être, mais moi je ne sais pas ce qui m'arrive, je vais je viens je saute du coq à l'âne, de l'euphorie superbe (tout à l'heure enfermée dehors en train de rire sous la pluie) à la crise de larmes (il est loin, tellement loin, j'ai l'impression de vivre à demi entre deux signes de lui). quelle vraie fille je fais. C, pour me distraire, m'emmène au cinéma. avec C, toujours, faire des choses qu'en temps normal je ne ferai pas. je veux dire : aller voir vanilla sky. vanilla what ? vanilla sky. et c'est censé décrire la couleur du ciel d'une peinture de monet, oulah, d'accord, ça commence bien. il y avait un type dans la queue tout à l'heure qui s'est précipité pour ramasser une pièce tombée de mon porte-monnaie. lucky penny, lui ai-je dit, vous devez la garder en porte-bonheur. il a ri : une inconnue m'offre une pièce... moi j'étais dans mon monde je me disais, il marquera peut être ça dans son journal ce soir. C, plus terre à terre : ah pas mal, il prend un ticket pour quoi ? beurk, astérix. fin du film, j'ai mangé tout un paquet de trucs au chocolat en pensant à ça : la douleur est comme un iceberg. il ne sait pas, il ne saura jamais combien je l'aime. C est assez déçue par le film, elle me demande mon avis : je ne sais pas lui dis-je, c'était doublé, j'ai rien compris. |
le soir, seule dans mon lit et tellement triste. je ne peux pas lire. je ne peux pas écrire. j'ai la peau trop blanche, froid tout le temps et les larmes au bord des yeux. ma grand-mère s'inquiète, je l'entends chuchoter dans les couloirs. il y a du thé sur la table de chevet, des carnets que j'ai envie de jeter par la fenêtre, des médicaments trop de médicaments. j'ai envie de voir L, c'est la seule personne que j'ai envie de voir, me lover dans ses bras et oublier tout enfin, m'enfermer dans ses bras et laisser tout tomber enfin, dehors dans le cadre de la fenêtre le petit château de D se découpe sur le couchant comme dans une carte postale, je pense à toi : la douleur est comme un iceberg, je pense à toi mais ça n'est pas ça que je veux ça n'est pas ça, les larmes la peur la tristesse infinie, ça n'est pas ça non, le lent détachement et comme je me sens seule soudain, abandonnée et si loin, quand devant ta tristesse tous mes mots semblent vains. |