breathing under water...

... living under glass

(un journal online)

 

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samedi 23 février 2002

il faudrait lui dire, que quoi qu'il fasse quoi qu'il dise, on lui pardonnera toujours, sur la plaie anciennement ouverte le temps gommera les ratures, le temps effacera la douleur, la couleur et même la solitude, quand on pensera à lui ce sera comme penser à un enfant, la nostalgie des moments aveugles, tant de lumière sur son front, c'était la main blanche qui voulait ça, l'amour fou comme on n'en vit qu'une fois, l'amour fou qui tue et qui abat, sur la plaie nouvelle l'instant de rupture du temps et de l'espace, j'essuie encore mes joues après les larmes parce que je ne veux jamais m'avouer vaincue, parce que j'ai peur de ne pas être assez belle, assez digne de son regard, dehors dans le monde extérieur la fête bat son plein, on fête mes vingt ans passés et je garde le visage doux et composé des enfants qui n'ont peur de rien, pourtant j'ai peur tant et tant des moments où tu m'échappes, vers d'autres douleurs plus encore que vers d'autres femmes, vers ces vies inconnues auxquelles je n'appartiendrais jamais, ces heures folles battues de vent dans les rues sombres de ton passé, quelqu'un demande si je vais bien, il parait que je suis un peu pâle, moi je ne sais pas, je ne suis plus vraiment là, je pense aux jours de juin où je te cherchais partout dans paris j'étais folle d'amour et d'envie et je le suis encore, je le serai toujours, il faudrait lui dire, que quoi qu'il fasse quoi qu'il dise, je n'abandonnerai jamais je le garderai toujours, à la première larme qui coule, imperceptible entre l'oeil et la main refermée, mon père se penche et me murmure : donne moi son nom je vais lui casser la figure.

la marée je l'ai dans le coeur... le monde avance et moi tant bien que mal. quelqu'un a posé des lanternes de couleurs le long de la maison comme à l'entrée d'un bal, musique douce et brouhaha des voix fondues, je glisse dans la chaleur du soir les cheveux longs le rouge aux lèvres, le coeur et la jupe fendus, c'est comme si je jouais à chaque mot, à chaque pas comme une danseuse un toréador, valser avec la douleur, ses étendards de noir et d'or, ce serait plus simple si l'on aimait moins, ma cousine triste un verre à la main qui noie son amour parti dans le jaune pisseux d'un whisky, je lui dis : ce serait plus simple si l'on aimait moins, si l'on ne donnait pas tout d'un seul coup pour le revers d'un col la blancheur d'une main, si l'on ne se laissait pas aller à l'amour fou la passion pure, le désespoir du monde et les plages infinies battues par la mer et l'écume, - la beauté, moi la marée je l'ai dans le coeur, quand je pense à lui je suis tout au bord du monde, dans le flot terrible des douleurs qu'apporte la lucidité de ses yeux clairs, le vague à l'âme des mélancolies de poussière, ce serait plus simple de ne pas t'aimer, de refuser les peurs les douleurs à venir, ce serait plus simple de refuser, la vie et son goût âcre comme celui d'une fumée, ce serait plus simple de croire qu'on peut vivre seul et sans personne, sans attaches un bateau à bon port, rythme de croisière amusement perpétuel par le personnel de bord, il y a un type qui me regarde, je danse avec lui le front bien haut, dans ses yeux je ne vois que toi, ton amour qui me découvre comme la nuit entre tes bras, ce serait plus simple si je t'aimais moins, si je gardais mon coeur serré dans ma poitrine comme un corset, plus simple si je ne jouais pas perpétuellement ma vie mon coeur mon corps sur un coup de dé au hasard, si je restais dans les chemins tracés de l'ennui de la mort la sécurité d'une chambre noire, la marée moi je l'ai dans le coeur qui me remonte comme une envie de pleurer, la vie serait plus simple plus douce plus calme si l'on ne vivait pas en toute liberté, dans l'inconséquence adorable des chances à prendre des défis à relever, la vie serait beaucoup plus simple j'écrirai des best sellers ou bien encore des contes de fée, je nourrirai ma mélancolie de médicaments pour ne pas me souvenir de rester écorchée, j'aurai chaque jour l'impression d'appartenir à une époque, une génération sans peur et toute puissante, je t'aimerai sous garantie, j'aurai les poches remplies de modes d'emploi pour la vie, je n'écrirais pas à chaque heure avant ma mort, dans l'urgence fulgurante de l'instant, de ton amour, de la folie qui m'emporte le long du temps, - la marée moi je l'ai dans le coeur et quand bien même devrais-je m'y noyer, je ne la laisserais pas aller.

à toi, toujours.

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